Disparition des plantes médicinales : où en est-on ?
Les plantes médicinales (mais aussi à parfum et aromatiques : PPAM) sont en train de disparaître silencieusement. Nous, public et thérapeutes, devons en être informés pour nous positionner dans nos pratiques.
En octobre 2021, une nouvelle espèce d’arbre était identifiée dans la forêt brésilienne – et dénommée Aenigmanu alvareziae –, alors même qu’il n’en existait déjà plus que quelques exemplaires lors de sa découverte. L’espèce est malheureusement particulièrement sensible au réchauffement climatique et menacée par une surexploitation du fait de possibles effets médicinaux dans la stéatose et l’obésité.
Cette double épidémie mondiale, principalement liée à la malbouffe et à la sédentarité, relève d’un changement de modèle alimentaire et de la pratique d’activité physique… n’exerçant aucune pression sur la forêt amazonienne.
En 2023, la quasi-disparition de l’Arnica montana sur le massif vosgien du Markstein, pour la troisième année consécutive, met fin à l’insouciance du marché. Sur ce site, qui fournit 80 % de la récolte française, les hivers trop doux conjugués à la pression de la cueillette sont fatals. La chute de la productivité (de 10 tonnes en 2015 à 1,7 tonne en 2019) est abyssale. La culture est encouragée et des alternatives sont recherchées comme de lui substituer une autre espèce d’arnica (chamissonis), voire une autre plante vulnéraire non menacée. Mais le prix de revient de l’arnica cultivé est le double de celui du sauvage, ressource bon marché. Cultiver une plante ne réduit pas la pression sur la ressource sauvage du fait de cette logique purement financière. Enfin, à l’heure où j’écris ces lignes, la “chocapocalypse“, annoncée depuis des années, est bien en marche. Le réchauffement climatique met les cacaoyers en péril, le cours du cacao flambe, les spéculateurs flairent l’aubaine avec jusqu’à 44 intermédiaires sur le marché, chacun prélevant sa dîme.
Les cacaoyers sauvages, qui auraient pu permettre des hybridations redonnant de la vitalité et de la résistance aux variétés cultivées, ont disparu. Et comme dans le cas des PPAM, le cultivateur africain continue à être fort mal payé.
Les tristes histoires du chocolat, d’Aenigmanu et d’Arnica montana sont emblématiques des maux du marché de la phytothérapie contemporaine. Personne, ni aucune plante, n’est plus à l’abri du cocktail explosif du réchauffement climatique conjugué à une économie de monde vivant et tout particulièrement des PPAM.
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