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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Baisse de l’audition : plus aucune raison de faire la sourde oreille

L’audition est un sens en éveil 24 h/ 24, clé de voûte de nos émotions, de notre mémoire, et de nos interactions avec notre environnement, humain et non humain. Nouvelles technologies et remboursement des aides auditives permettent de la conserver au mieux au fil des années.

Il y a 22 ans, j’étais allée au Danemark à la rencontre d’un médecin audiologue et d’une chanteuse de Rock très impliqués tous deux dans la lutte contre la malaudition. J’avais rendu compte de ce que j’avais alors appris là-bas dans notre n° 23 en mars 2000 ! J’y avais découvert à quel point il était important de s’équiper au plus tôt d’aides auditives dès que l’ouïe commençait à baisser. À l’époque, au Danemark, les appareils étaient remboursés. En France, le système de santé n’en prenait en charge qu’une infime partie (et seulement pour une oreille !).

Des progrès incontestables

Entre 2000 et 2022, au royaume des oreilles, tout a changé. D’abord, en ce qui concerne notre pays, on peut aujourd’hui être équipé d’appareils auditifs en étant remboursé à 100 %. Évidemment, ce ne sont pas des aides “multifonctions” comme j’ai pu en essayer lors d’un congrès à Amsterdam où la société suisse Phonak nous a fait tester des appareils connectés dernier cri, mais ce sont des modèles tout à fait adaptés pour corriger la presbyacousie. Ce remboursement intégral par l’Assurance Maladie (jusqu’à 950 € par oreille) depuis le 1er janvier 2020 a multiplié par deux le marché des aides auditives en un an. Aujourd’hui, quand on entend mal, on n’a pas besoin d’être riche pour se faire équiper.

Des freins qui se lèvent

On pourrait imaginer que, jusqu’à récemment, le coût des aides auditives était l’obstacle majeur empêchant de s’équiper celles et ceux qui entendent moins bien. Eh bien, non. C’est un élément important, certes, mais secondaire. Le frein principal, c’est l’image de la malaudition.

Le fait que la surdité de naissance empêche les humains d’acquérir le langage a donné aux malentendants une image de fous ou de “débiles”. Par ailleurs, la perte auditive quand on vieillit n’empêche pas d’entendre mais plutôt de comprendre. On vous parle, vous entendez, mais vous ne comprenez pas ce que vous dit votre interlocuteur. Le son de la voix est brouillé, d’autant plus dans un environnement sonore. Vous avez donc parfois l’impression de devenir réellement folle ou fou… Outre ces raisons, l’efficacité des aides auditives n’a pas toujours été au rendez-vous. Mettez des lunettes et votre vue est instantanément corrigée. Les aides auditives, elles, demandent à être réglées et, jusqu’à ces dernières années, elles ne donnaient pas toujours les résultats escomptés, lassant parfois leurs utilisatrices et utilisateurs. Aujourd’hui, même si les réglages restent nécessaires au moment de la mise en service, les aides améliorent considérablement l’audition. L’attention et les compétences de l’audioprothésiste jouent à ce moment-là un rôle complémentaire déterminant.

Des aides bien plus efficaces

À l’heure où nombre de personnes jeunes se promènent avec des écouteurs sans fil dans les oreilles, on a moins de complexes à essayer d’entendre mieux, d’autant que les aides auditives se sont miniaturisées au fil du temps, devenant fort discrètes. Pour mieux comprendre l’évolution des appareils ces 20 dernières années, j’ai interrogé Amélien Debes, audioprothésiste diplômé d’État depuis plus de 15 ans et Directeur Support Clients et Formations chez Phonak. Entre Graham Bell, à la fin du XIXe siècle – qui inventa la première correction auditive électrique pour sa femme devenue sourde après avoir été atteinte de la scarlatine – et aujourd’hui, voici un domaine où les progrès ont été conséquents, en particulier ces dernières décennies.

De l’amplification au numérique

L’invention de Graham Bell consistait à transformer les ondes sonores en impulsions électriques. À la fin des années 1940, l’électronique a amélioré l’efficacité de ces appareils amplificateurs de sons. Puis, dans les années 1990, une nouvelle étape très importante a été franchie avec les aides numériques. Les appareils se sont ensuite miniaturisés et ont permis, grâce à des algorithmes, une correction bien meilleure, en sélectionnant les fréquences à amplifier. On en a aussi fini avec les appareils qui “sifflaient” au milieu d’un spectacle à cause de l’effet Larsen.

Compression et compréhension

Les oreilles sont la partie visible du système auditif, mais 80 % de sa structure sont “cachés” : l’oreille moyenne, l’oreille interne, le nerf auditif… Chaque élément peut vieillir, mais certains d’entre eux sont particulièrement fragiles. Pour bien comprendre en quoi les évolutions les plus récentes ont nettement amélioré la correction auditive, il faut savoir que les sons qui arrivent dans nos oreilles transitent par 4 rangées déterminantes de petites cellules situées dans l’oreille interne (dans la cochlée, voir schéma ci-dessus) : les cellules ciliées. Elles se comptent en quelques milliers, sont très fragiles et, une fois abîmées, ne se réparent pas. Avec le temps, donc, certaines d’entre elles laissent des “trous” dans la “bande son”. Les sons ayant les fréquences correspondant à ces trous ne sont plus “décodés” par le cerveau. Les algorithmes mis au point ces dernières années permettent, soit d’envoyer ces sons vers d’autres cellules (affectées normalement au décodage d’autres fréquences), soit de “comprimer” plusieurs fréquences (aiguës en général) pour les diriger “resserrées” vers un groupe de cellules ciliées en bon état, capables de les transcrire. Ce dernier mécanisme a considérablement amélioré les performances des aides. Il date seulement de 2008, quand Phonak a mis au point son algorithme “SoundRecover”. Et aujourd’hui, toutes les aides auditives proposées par les audioprothésistes bénéficient des technologies les plus modernes, permettant de faire baisser le bruit ambiant au restaurant, d’amplifier certains sons plutôt que d’autres (en dirigeant l’amplification vers un ou deux interlocuteurs par exemple)…

N’attendez pas de ne plus rien entendre pour tester !

Entre les appareils “100% Santé” et les modèles plus onéreux, quelles différences ?
Si on ne peut que saluer le remboursement à 100 % des prothèses auditives, il est dommage que les modèles de cette “classe 1” (remboursés à 100 %) ne soient pas rechargeables. D’autant que les piles ne sont pas très écologiques et que cela ajoute une difficulté aux personnes ayant perdu un peu de leur dextérité manuelle. Si ce n’est cet inconvénient, les modèles sont très performants et disposent des dernières technologies en matière de correction auditive. Ils peuvent être proposés, au choix, en contours d’oreille ou en intra-auriculaires, plus discrets. Il existe aussi des appareils connectés qui ne sont pas totalement remboursés, mais offrent des options souvent bien confortables au quotidien : ils peuvent servir d’écouteurs sans fil pour écouter la radio, répondre au téléphone. Certains disposent même de capteurs qui vous indiquent combien de pas vous avez faits dans la journée ainsi que votre fréquence cardiaque, pour vous encourager à bouger !

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