Et si l’ami c’était toi ?
Parmi les facteurs bénéfiques à la santé et au bien-être, il en est un qui surpasse tous les autres : notre état d’esprit. Rien n’est si simple cependant dans la relation entre soi et soi et c’est pourquoi, mieux que des théories sur le sujet, les témoignages des expériences vécues sont de grande utilité. Voici comment faire d’un problème existentiel un moyen de renouer avec le meilleur de soi-même.
Au coeur des turbulences
En traversant l’époque mouvementée que tous nous vivons, rien n’est moins original que d’oser proclamer la folie du monde ! Mais quand on veut, comme certains dont je fais partie, garder la conviction que tout peut s’arranger, encore faut-il ouvrir un large regard sur les possibilités de sortir de la détresse produite par la peur généralisée. Le manque de supports fiables sur lesquels appuyer nos efforts dynamiques et joyeux fait se tourner vers des propositions trop souvent fallacieuses en provenance de multiples thérapies en tous genres. Quels remèdes choisir sans se tromper ?
Fabienne Chevallier est énarque et historienne de l’architecture. Après avoir écrit de nombreux ouvrages scientifiques, elle se lance dans l’aventure d’une auto- biographie spirituelle. Voici comment, au cœur des turbulences, le courage et la confiance réussissent à faire passer, sans trop de dommages, les orages et les foudres vécues intérieurement.
Un big bang qui fait changer la vie
Capable d’encaisser bon nombre d’afflictions, l’esprit a pourtant ses limites et il suffit d’une goutte de trop dans le vase pour qu’il déborde, c’est bien connu. Dans son lieu de travail, Fabienne endura pendant plusieurs années la violence du harcèlement sous l’avalanche d’une succession d’humiliations et d’actes de domination, ce qui la conduisit à l’épuisement physique et psychique. Terrassée par la perspective d’une mise à mort professionnelle comme elle l’exprime, elle vécut alors une lente descente en enfer. Honte et chagrin confondus s’étaient emparés de la belle jeune femme brillante et dynamique qu’elle était pour en faire une sorte de fantôme errant dans les ombres d’un burn-out dévastateur. Aujourd’hui, elle témoigne : “J’étais à terre, je me suis relevée mais sans l’aide du “Ciel” je n’y serais pas arrivée”. Qu’entend donc Fabienne lorsqu’elle évoque le Ciel ?
“Dans la tourmente qui était en train de balayer ma vie, un jour je reçus une grâce.” Nombre de personnes ont vécu des instants d’Éveil où le cerveau est tout à coup inondé par la grâce d’un éblouissement porteur d’un amour ineffable et d’une paix incommensurable. Les mots sont toujours trop faibles qui tentent d’exprimer ce qui ordinairement dépasse tout entendement. Mais quand on vit cela, on ne peut plus jamais l’oublier et les choses en soi comme autour de soi commencent à changer, parce que forcément on les voit différemment.
Dégénérescence
En notre temps, la spiritualité est encore confondue avec la religion, ce qui en fait un sujet de rejet par les déçus des temples et chapelles en tous genres. La science est devenue le nouveau royaume céleste réunissant une autre forme de disciples toujours aussi soumis au pouvoir qui, à présent, s’exerce dans les domaines des technologies industrielles et médicales. Sans doute faut-il toujours croire en quelque chose, c’est une question de survie. Plutôt que tout miser dans le matérialisme, Fabienne sortit de sa révélation avec la conviction qu’elle était protégée et soutenue autrement que par des moyens humains. En la Lumière un court instant entrevue, elle décida d’accorder sa confiance et d’en faire la guidance sur son nouveau chemin. Elle se plongea dans les lectures spirituelles réunissant les paroles des Éveillés, tel Saint Jean et bien d’autres, n’hésitant pas à les faire côtoyer avec le maître Philippe de Lyon, célèbre guérisseur, thaumaturge et mystique de son temps (1849-1905). En chacun, elle retrouvait la flamme d’amour et de paix qui ne la quittait plus désormais.
D’expérience en expérience…
Dans son ouvrage, Fabienne Chevallier se plaît à partager ces quelques instants d’éblouissement quasiment mystiques qui surent la combler, dans le but de montrer que rien n’est jamais perdu, que l’espoir est toujours présent, nanti de la promesse d’un devenir meilleur quand on écoute la voix du cœur.
Un jour d’été en vacances avec son amie musicienne Chantal surnommée Sugeeta, elle assiste à un concert dans une ancienne bastide au milieu d’un jardin méditerranéen. C’est dans l’émerveillement du Cantique de Jean Racine de Gabriel Fauré interprété par un quatuor à cordes qu’elle se laisse transporter. Les premiers accents de l’œuvre la touchent profondément, l’émotion ressentie dépasse l’artistique car elle se sent enveloppée par la puissance d’une énergie qui la submerge. Une présence inconnue l’entoure qui la relie à l’essentiel, au cosmos, à la vie. Une inébranlable confiance s’installe, plus de dangers, plus de peurs. L’harmonie est là, le cœur d’amour est partout. Une colonne de Lumière s’élève, un ange déploie ses ailes, elle s’interroge : voit-elle vraiment cela ? Est-ce véritablement présent ? L’un et l’autre sans doute, les mots restent petits pour restituer ce moment. Mais à l’instant de ce vécu, elle prend conscience de son âme cellulaire sentant chacune de ses cellules ouvertes tournées vers la vie, vers cette Lumière vitale dans laquelle elle se trouve immergée. Un bonheur infini…
La délivrance
Fuyez les situations conflictuelles, elles reviennent au galop mais comme le dit si justement Fabienne : “Pour sortir d’une situation d’impasse, il n’y a pas d’autre choix que d’emprunter une voie qui n’est pas habituelle.” Autrement dit, utiliser des moyens qui ne font pas partie du quotidien comme par exemple : résister si l’on se soumet habituellement, s’exprimer haut et fort si l’on prend l’option de se taire ordinairement, abandonner les compromis au bénéfice d’un idéal qui devient un refuge volontaire, etc. Mille et une façons de ne plus être esclave ni de ses émotions ni des manipulations extérieures. Et puis et surtout dans le même temps, pratiquer le pardon qui éteint les colères, les rancunes et les idées de vengeance. Il n’est pas difficile de se rendre compte combien ces états d’être sont des poisons qui se retournent contre nous. Priorité à l’intelligence qui comprend la compassion comme l’antidote suprême guérisseuse des souffrances. Quand Fabienne décida de pardonner, elle appuya son effort sur le fait que “vengeance et rage encombrent l’être humain et le coupent de son énergie primordiale en l’empêchant de rebondir sur son projet de vie”. Cette idée lui donna la force de baser son pardon sur le pragmatisme. Elle y prit goût et l’on peut dire que par ce geste intérieur, son chemin de guérison venait de commencer. Progressivement, de petits progrès en grands écarts d’avancement vers la sérénité, Fabienne Chevallier se mit à se transformer, elle révéla une poésie inspirée chuchotée à son âme en même temps qu’elle devenait une chercheuse de trésors intérieurs. Sa vie en fut éclairée comme le récit touchant et profondément stimulant qu’elle fait de son expérience. Elle devint une étudiante passionnée de sciences spirituelles, rejoignant la cause de différents courants salvateurs tels la protection des petites filles soumises à la torture de l’excision et le soutien aux femmes qu’elles sont devenues vivant à présent en France. Mais ne voulant pas faire de sa vie un combat, elle choisit le retrait dans les pratiques contemplatives, l’invocation aux anges et le lien avec l’énergie universelle.
Exercice pratique
La nature est notre meilleure amie et les arbres en particulier peuvent être nos confidents. Sortir de chez soi pour rejoindre un endroit tranquille en forêt ou dans un parc, permet déjà de quitter le milieu habituel sur lequel notre regard se porte. La marche silencieuse dans les allées boisées inspire un nouveau rythme prédisposant à l’abandon des nuisances intérieures au bénéfice d’une régénération sur tous les plans de l’être.
Regardez autour de vous et laissez votre attention se tourner vers la présence d’un arbre. Sans bruit, il vous appelle, écoutez… Il sait pouvoir vous aider à vous délivrer d’un poids trop lourd à porter, et sa nature profondément aimante vous attend.
Debout devant lui ou assis comme il vous plaît, n’hésitez pas à communiquer mentalement avec lui. L’esprit de vie qui anime son corps végétal accueille votre nature humaine tout simplement. Du fond de votre cœur, remettez-lui le fardeau qui vous épuise pour que sa force sacrée prenne votre souffrance et la transforme en énergie positive. La nature a ce pouvoir créateur de bien qui se charge de dissoudre l’ancien pour le transmuter en renouveau. À la fin de cet entretien intime, engagez-vous dans une promesse de ne plus jamais revenir négativement sur un passé désormais effacé. Remerciez et retournez à vos affaires en restant en conscience totalement libéré.
À lire : L’ennemi c’était moi de Fabienne Chevallier aux éditions Pierre-Guillaume de Roux – 240 pages – 18 €
