La douleur, un drame à travers l’histoire

L’ouvrage de l’historien espagnol Javier Moscoso, L’histoire de la douleur, paru initialement en 2011, a été traduit en France tout récemment. Si la douleur est d’abord une expérience subjective, elle est perçue, représentée et interprétée par les autres, collectivement. En cela, elle constitue un phénomène social et culturel complexe qui déborde largement du « symptôme » médical ou psychologique auquel on a tendance à la réduire.
L’auteur explique : « En tant que drame, la douleur mobilise tous les éléments de la représentation théâtrale. Elle a ses acteurs, sa trame, son parterre, son vestiaire, ses accessoires, sa scénographie et enfin, son public. » Au théâtre de la cruauté, l’analyse joue sur toutes les gammes, s’appuie sur une documentation fournie et agréablement illustrée pour explorer les topoï, ces lieux communs qui, comme des motifs, traduisent l’expression et la perception de la douleur à travers les époques. Loin d’une histoire linéaire bornée à sa chronologie sur cinq siècles, l’historien chemine au gré des ballades épistémologiques en ouvrant l’éventail des différents attributs culturels qu’il a identifiés. « Non seulement la douleur s’enseigne, mais elle s’apprend. » rappelle-t-il. De la passion religieuse et mystique à la médecine actuelle, de l’intériorisation à son objectivation, Javier Moscoso éclaire toute l’intensité et la variété des manifestations, des expressions, comme des réceptions. Si la souffrance est universelle à la condition humaine, son histoire révèle des métamorphoses aussi bien sur le corps que sur l’esprit et les mentalités. Elle devient un langage, des mots, des cris ou des grimaces, dont cette somme captivante pose l’héritage.

L. S.

• Histoire de la douleur. XVIe-XXe siècle. Javier Moscoso. Éditions Les Prairies Ordinaires. Format  16 x 24 cm – 464 pages – 38 €

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