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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Pinar Selek : “C’est quoi l’amour ?”

Pinar Selek

Le 28 juin, je serai à nouveau au tribunal d’Istanbul avec une délégation internationale pour soutenir notre amie Pınar, victime d’un acharnement judiciaire depuis bientôt 26 ans.

Malgré les injustices et la torture psychologique incessante qu’elle subit depuis 1998, Pınar continue à s’émerveiller, à se réjouir de plonger les pieds dans une rivière froide, de ramasser des feuilles de nombril de Vénus pour les mettre dans la salade, comme son amie Moutsie le lui a appris, de retrouver ses amies… Elle mène des recherches, elle écrit – des essais, mais aussi des romans – et se bat pour un monde plus juste, courageusement, sans relâche.

Fin avril dernier, je l’ai retrouvée avec des amies dans le Sud-Ouest, à Carmaux, où elle donnait une conférence dans le cadre d’un festival et nous avons passé deux jours merveilleux, comme une pause dans le tumulte.

C’est là qu’elle pense avoir trouvé la réponse à une question essentielle “C’est quoi l’amour ?” Pour elle, c’est “quand tu ressens à la fois du respect et de l’enchantement en pensant à quelqu’un”. Une belle formule qui l’habite à chaque instant. Pınar est amoureuse de la vie, et sans doute est-ce cette force qui la porte et l’aide, malgré tout, à garder le sourire et même à rire à gorge déployée dès que l’occasion se présente.

26 ans

Certaines et certains d’entre vous connaissent déjà bien Pınar et son histoire. Elle a longtemps écrit une chronique pour le magazine et continue à y participer quand elle le peut. Pour les autres, voici une petite présentation de ce qui me conduit à écrire ce texte aujourd’hui : en Turquie, très jeune, Pınar s’est intéressée aux minorités. Sociologue, elle menait des enquêtes sur les enfants des rues, les prostituées, les personnes transsexuelles, puis s’est intéressée à la question kurde. Cela lui valut, en 1998, d’être arrêtée par la police et torturée, interrogée sur ses contacts. Restée muette devant ses tortionnaires pendant une semaine, elle fut jetée en prison. C’est là qu’elle apprit, en regardant les informations à la télévision, quelques semaines plus tard, qu’on l’accusait d’avoir perpétré un attentat deux jours avant son arrestation, une explosion mortelle au marché aux épices d’Istanbul. Vint alors la torture psychologique d’une accusation infondée, infernale machination d’un mauvais film qui s’éternise encore aujourd’hui. Les enquêtes indépendantes ont prouvé à maintes reprises que l’explosion dont il était question était due à une bouteille de gaz défaillante sur un stand de kebab. En 2001, elle fut remise en liberté devant le manque de preuves. Depuis, à 4 reprises, devant l’évidence des faits, les tribunaux l’ont acquittée. Les autorités turques ont fait appel à chaque fois et continuent à demander une condamnation à perpétuité.

En France

Devant la menace d’un retour en prison, sur le conseil de ses avocats, Pınar s’est exilée en 2009. D’abord en Allemagne, puis en France où elle vit depuis une douzaine d’années maintenant. Elle est, depuis, devenue citoyenne de notre pays. “L’affaire” ne s’est pas arrêtée pour autant. Les mêmes accusations perdurent et, le 28 juin prochain, une nouvelle audience aura lieu à Istanbul. Comme à chaque audience depuis 2012, je me rendrai au tribunal avec une délégation internationale, déterminée à la soutenir aussi longtemps qu’elle sera poursuivie.

Si vous voulez soutenir ses combats et mieux la connaître, n’hésitez pas à consulter le site https://pinarselek.fr. Et croisons les doigts ensemble pour qu’enfin, le 28 juin 2024, Pınar soit définitivement acquittée.

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