Un chien gentil, mais bruyant

Ce mois-ci, le Dr Brésard, répond longuement à une lettre de lecteur. Et sans doute la solution qu'elle donne sera-t-elle utile à d'autres maîtres qui se trouvent dans une situation comparable.

Bernadette Brésard

Notre Yorkshire, âgé de 6 ans, est très patient et très calme quand il vit avec nous. Mais il aboie avec force et énergie quand d’autres personnes sont avec nous, même nos enfants. Il n’a jamais mordu personne. Il a peur des vélos et des patins à roulettes mais pas des voitures. Nestor s’immobilise et se bloque dès qu’il aperçoit un autre chien mâle. Nous avons essayé les Fleurs de Bach (Mimulus) et Homéocalm sans succès. Que pouvez-vous nous conseiller pour rendre notre vie plus facile et moins bruyante ?“

Jean-Pierre J de Versailles

Votre chien Nestor est charmeur mais surtout dominant. Sans vous en rendre compte, vous lui laissez en outre des prérogatives de dominant sur vous-même. Cela le conforte dans une position hiérarchique ambiguë, donc insécure, dans la meute que vous représentez avec lui. Et cela entraîne progressivement chez lui une forme d’anxiété chronique. Face à des situations qu’il ne peut contrôler, tels des objets mobiles à sa hauteur et sur sa voie (ce qui n’est pas le cas des voitures) il se sent perdu.

Quand il croise un chien mâle, il n’a plus de repères : un maître normalement dominant gèrerait l’allure et le croisement. Mais lui, n’ayant pas de chef de meute (et ne pouvant compter sur son gabarit), doit anticiper et s’immobilise, seule façon qu’il ait de stabiliser une situation potentiellement dangereuse. Il vous considère comme sa propriété qu’il défend, ce qu’il signale clairement aux arrivants extérieurs à la meute. Vos enfants ne sont là que par intermittence et, de plus, ils vont empiéter momentanément sur ses prérogatives en accaparant votre attention… ou en s’installant sur le canapé, celui qu’il préfère.

SA POSITION DANS LA MEUTE
Première chose à faire : le remettre à sa place de chien sécurisé car bien hiérarchisé, c’est-à-dire numéro 3, après vous et votre épouse, au quotidien dans toutes les situations de la meute. Au début, ce sera un peu dur pour vous. Il faut agir, vous et votre épouse, comme un seul homme, sinon Nestor saura exploiter les failles…
Par exemple, il doit à votre demande retourner à son panier, libérant éventuellement le canapé. N’ayez crainte, il n’en sera pas plus malheureux.

C’EST QUI LE CHEF ?
Dans la meute, c’est-à-dire la famille, le “chef” a des privilèges qui sont : le contrôle de l’espace et l’accès à la nourriture.
Par conséquent, il faut :
=> donner le repas du chien après celui de la famille ;
=> laisser le chien seul pendant le repas et ne pas le regarder quand il mange ;
=> ne pas donner à manger au chien quand il le demande ;
=> ne pas le laisser dormir dans un endroit de passage (couloir) ou un lieu stratégique (salon, chambre…) ;
=> lui laisser un endroit à lui ;
=> ne pas le laisser faire des “chevauchements” sur des jambes, des enfants, des meubles…
=> ne pas répondre à ses demandes de câlins ; c’est vous qui décidez du moment des caresses, des promenades et des jeux ;
=> ne pas “discuter” longuement avec votre chien ; parlez-lui avec des phrases courtes ;
=> employer des ordres clairs, donnés dans des situations claires, avec des mots toujours identiques.

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